Cum mi-e cam lene, am lipit fragmente din patru analize despre social-democraţie, despre stânga şi despre Partidul Socialist Francez, apărute în "Le Monde". Analizele sunt pertinente şi se potrivesc mănuşă şi social-democraţilor de la noi. Numai că pe ei îi doare fix în pix de aşa ceva: modul în care s-a discutat la Turnu Măgurele dă fiori reci oricui îi pasă de viitorul stângii româneşti.
"La cinglante défaite des partis socialistes et sociaux-démocrates aux élections européennes est plutôt un mystère. La raison la plus évidente pour laquelle la gauche aurait dû être victorieuse est bien entendu l'échec de l'idéologie néolibérale selon laquelle les marchés fonctionnaient mieux sans régulation. L'effondrement du système financier a permis à tout le monde de comprendre que cette idéologie, dominante depuis un quart de siècle, est maintenant révolue.
Le programme socialiste traditionnel - économie keynésienne et régulation sociale des marchés -, en mesure de recueillir des voix, aurait donc dû logiquement entraîner une victoire électorale des formations de gauche. Cela ne s'est pas produit. La raison de ce paradoxe est simplement que les leaders de droite en Europe, par exemple, le président français, la chancelière allemande et les premiers ministres suédois et danois se sont tout de suite engagés dans cette voie lorsque la crise a frappé leurs pays ; ils ont ainsi devancé le programme des socialistes en leur laissant peu de marge de manoeuvre.
Il est encore plus difficile de comprendre l'échec de la gauche quand on sait que toutes les recherches en épidémiologie sociale s'accordent aujourd'hui à dire que les inégalités sociales et économiques menacent globalement le bien-être de la société.
La réduction des inégalités sociales et économiques par divers systèmes de protection sociale, services sociaux et un enseignement public de qualité semble payante. Cela a été traditionnellement la stratégie de la gauche et les critiques de cette idéologie politique par les néolibéraux font faillite aujourd'hui. Compte tenu de l'effondrement des marchés financiers, de la défaite idéologique du programme néolibéral et des multiples recherches qui mettent en évidence les avantages d'une plus grande égalité sociale et économique, la gauche aurait dû être plébiscitée.
La raison de cet échec n'est pas si évidente. Une possibilité est l'abandon par la gauche en Europe de son plus ancien et meilleur allié, à savoir le projet d'une "politique s'appuyant sur l'idée des Lumières" et son idée concomitante de l'existence de "l'homme universel" et ainsi des droits de l'homme universels. Au lieu de cela, les priorités politiques des partis de gauche se sont trouvées dominées par une pensée postmoderniste, anti-empiriste et intellectuellement obscure. Cette pensée semble incapable d'imaginer qu'une politique puisse reposer sur une combinaison de visions idéologiques de ce qui est normativement bon et d'études empiriques de ce qui est possible sur le plan pratique.
De même, la gauche a en grande partie abandonné l'idée d'une politique fondée sur les droits de l'homme universels, et a été dépassée par ce qu'on appelle la "politique identitaire". Au lieu de mener une politique "pour tous", la gauche est devenue un conglomérat de forces qui s'évertue à mettre en avant les intérêts de divers groupes dont les membres se considèrent comme opprimés en raison de leur identité commune et marginalisée, qu'il s'agisse de race, de religion, d'orientation sexuelle, de spécificité des sexes, d'intérêts culturels, de handicaps physiques et mentaux, etc.
Presque par définition, la politique identitaire est antimajoritaire et facteur de divisions. Ainsi, cette sorte de politique crée de facto une majorité contre elle-même puisqu'elle s'appuie sur une idéologie qui place en première ligne la mobilisation politique contre la majorité. Il est également très difficile de constituer une majorité politique sur "l'addition" de politiques identitaires, puisque, en réalité, ces divers groupes ont très peu de chose en commun.
La conséquence pratique en est que la priorité accordée précédemment par la gauche à des programmes sociaux universels a été remplacée par des programmes qui s'adressent à des "groupes identitaires" spécifiques. Ainsi, la politique de gauche, plutôt que de rassembler, est devenue antimajoritaire. En conclusion, la tournure postmoderniste de la pensée politique de gauche a marginalisé son projet politique traditionnel, et cela a abouti à cette surprenante défaite électorale.
La gauche démocratique est défiée par des partis concurrents qui se réclament de ses valeurs et empiètent sur son électorat. Le national-populisme, bien ancré dans certains partis anti-européens de la droite xénophobe, attire désormais les votants des classes populaires. Les partis anticapitalistes de la gauche populiste briguent une partie du prolétariat et des travailleurs syndiqués de la fonction publique. Les partis écologiques anti-industrialistes ont aussi capté beaucoup de votes progressistes.
Comment expliquer cette crise de la social-démocratie ? On y voit trois raisons. Primo, il est erroné de penser que le contexte de crise économique est bénéfique pour la gauche. Lorsque les citoyens ont peur - pour leur emploi, leurs salaires et l'avenir de leurs enfants -, ils votent de manière défensive et conservatrice. En réponse, la gauche doit offrir une analyse plus élaborée de la nouvelle économie. La dénonciation du néolibéralisme, des riches ou du capitalisme sonne bien à la tribune, mais n'offre pas un modèle alternatif de société. Sans disséquer et comprendre la nouvelle réalité, celle qui rythme la vie et les aspirations des citoyens au quotidien, la gauche continuera de répéter des slogans obsolètes et sans écho aujourd'hui.
Secundo, la social-démocratie parle global, mais agit national. Alors que le capital, la culture et les communications sont transnationaux, la structure des politiques publiques reste prisonnière de l'Etat-nation. La protection des intérêts nationaux - agriculture en France, industrie automobile en Allemagne, banques et City en Angleterre ou secret bancaire en Autriche - continue de prévaloir au détriment d'une politique paneuropéenne. Il est temps de rééquilibrer cette tendance, en fondant l'action nationale dans le discours internationaliste. En même temps, la gauche doit redéfinir sa théorie de la nation, et repenser l'UE comme une institution au service des citoyens.
Tertio, la social-démocratie doit choisir son camp : demeurer une force de protestation et de proposition, ou retrouver l'appétit du pouvoir. Trop de ses idées ont été récupérées et appliquées par la droite. L'étatisation de l'économie et la création de l'Etat-providence pendant les "trente glorieuses" sont des idées de gauche mises en oeuvre par de Gaulle en France, Adenauer en Allemagne, les démocrates-chrétiens en Italie et les conservateurs en Grande-Bretagne. Aujourd'hui, la gauche regorge d'idées mais elle se désintéresse de la tâche politique suprême, la conquête du pouvoir.
La victoire implique des compromis historiques avec le capitalisme, avec la nation et avec les électeurs. Pour l'instant, la gauche européenne se pose en contestataire idéologique pendant que la droite entretient et développe sa pratique du pouvoir. Le Parti socialiste européen peut dénoncer Barroso, mais s'il n'est pas capable de proposer son propre candidat à la présidence de la Commission, il prêche dans le désert, ce n'est pas sérieux.
Il existe en Europe un nouveau prolétariat. Pourtant, ces opprimés (immigrants, femmes salariées, pauvres, travailleurs précaires, mères célibataires) ne trouvent pas leur place dans la social-démocratie moderne. Celle-ci a produit une élite composée de technocrates bourgeois formés dans les meilleures universités et les grandes écoles. Elle n'est pas le reflet de la société et de ses inégalités. Où est la gauche d'en bas ? De façon tout aussi symptomatique, les syndicats européens ne sont plus des acteurs majeurs du monde de l'entreprise et ne restent puissants que dans le secteur public. Or la gauche doit réanimer son rapport au syndicalisme. Il y a plus de petites et moyennes entreprises en Angleterre et en France qu'il n'y a de travailleurs syndiqués dans le privé. Une faiblesse majeure de la gauche est de n'avoir plus de relais dans le monde du travail.
L'échec historique du communisme a cru signifier le grand succès du socialisme. La crise actuelle du capitalisme devait signer le grand retour de la social-démocratie. Il n'en est rien : ni dans un cas ni dans l'autre. Les Français considèrent-ils que le socialisme démocratique leur a apporté tout ce qu'il pouvait donner ? Il a réduit le temps de travail, donné des congés payés, abaissé l'âge de départ à la retraite. Toutes choses acquises aujourd'hui et plutôt à défendre qu'à accentuer. Il a étendu les libertés, aboli la peine de mort, obligé la parité. Sur ce terrain, qu'attend-on de plus ? Les socialistes seraient-ils alors comme les radicaux : au bout de leur rouleau ? !
Les Français considèrent-ils que le socialisme démocratique est inadapté à la nouvelle configuration du monde ? Finalement, il ne serait ni utile ni efficace dans le cadre de la mondialisation, peu lisible dans ses initiatives européennes. Les socialistes seraient donc aussi comme les communistes : arrivés à terme ! L'histoire récente du parti plaide pour une issue pessimiste : éliminé du second tour de l'élection présidentielle en 2002, profondément divisé sur l'Europe en 2004 et 2005, éloigné par sa candidate à l'élection présidentielle en 2007, qui vivait son parti comme un handicap dans sa campagne, écartelé dans un congrès de Reims qui se conclut par un échec et une désignation contestée de sa première secrétaire, malmené par ses courants au point d'en faire le maître d'oeuvre de ses listes pour le Parlement européen, défait aux élections européennes du 7 juin, quel Français peut lui faire confiance et lui confier les destinées de son pays ? C'est normal qu'il y regarde à deux fois.
Le socialisme démocratique évolue dans la tension entre la liberté et l'égalité. Cette dernière est mise à mal depuis plusieurs années. Si les socialistes ne réduisent pas les inégalités, à quoi servent-ils ? Il ne manque pas de citoyens compétents et intelligents pour diriger le pays en dehors du Parti socialiste. Si un parti, comme structure d'organisation, ne répond pas à ce pour quoi il est fait, il peut mourir, au moins s'étioler, agoniser lentement. Au PS de s'en inquiéter. Lui-même peut disparaître même si le socialisme démocratique restera toujours une aspiration de millions de Français.
Ne jetons pas ensuite le bébé socialiste avec l'eau glaciale du dernier bain électoral. Non, le mot socialisme n'est pas dépassé, à la condition, naturellement, de ne pas l'identifier à un passé récent, productiviste sur le plan économique, et trop étatiste sur le plan démocratique et social.
Le socialisme est né d'une volonté d'organisation. Ses premiers "prophètes" voulaient, en réaction au désordre produit par le libéralisme économique débridé du XIXe siècle, introduire des règles garantissant le bien commun. L'actuel défi écologique n'est pas sans analogie avec le défi social que le mouvement socialiste a su relever alors. Le socialisme d'aujourd'hui nous paraît intellectuellement le mieux préparé pour y répondre.
Sortons enfin des faux débats sur l'éternel retour (ou départ) des classes populaires. La crise nous oblige plus que jamais à nous adresser non à telle ou telle catégorie mais à tous les Français au nom de l'intérêt général. La situation financière et sociale sera dans trois ans à ce point dégradée qu'il faut d'ores et déjà parler au pays le langage de la vérité. Il faudra bien tout ce temps pour le faire entendre. La démonstration a été faite que l'antisarkozysme n'est pas un projet. Les Français n'attendent pas des protestations mais des solutions. Le PS a besoin d'un regain de crédibilité, autant que de combativité.
Alors oui, au total, changeons tout du sol au plafond, comme je l'ai entendu dire ces temps-ci par beaucoup, qui semblent s'être réveillés d'un long sommeil. Les raisons de la paralysie du PS sont connues : poids excessif et rente de situation donnés aux courants et à leurs chefs de file par la proportionnelle ; base militante trop étroite, volontairement restreinte, pour ne pas bousculer les équilibres internes ; démobilisation du "siège" du parti, qui doit consacrer à la réflexion, aux études et à l'élaboration de son projet environ l'équivalent d'un mi-temps..."
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